À propos du numéro de mai 2003
" Pour qui roulent les polytechniciens "
par Marc Flender (92)
Les polytechniciens roulent pour le progrès
Alain MATHIEU (57)
Sous le titre "Pour qui roulent les polytechniciens?", notre camarade Marc Flender, "homme tout ce qu'il y a de plus normal", a publié dans le numéro de mai 2003 de La Jaune et la Rouge un article que l'on peut ainsi résumer :
» l'idée que " la libéralisation des échanges est nécessaire pour l'économie et le développement" est "choquante", et non prouvée,
- développer l'esprit d'entreprise des élèves de l'École est de même "choquant",
• les maux de notre société (chômage, "flexibilité du travail", inégalités, absence de "bonheur" dans les entreprises, etc.) prouvent l'échec du "libéralisme et de l'entreprise",
* les polytechniciens doivent " participer à l'amélioration du monde " en " s'engageant politiquement " dans les "mouvements qui défilent à Porto Alegre".
Notre camarade fait appel à notre " questionnement scientifique " pour venir au secours de ses idées.
Scientifiques ou pas, les questions suivantes méritent de lui être posées.
1) La libéralisation des échanges est un fait incontestable depuis cinquante ans : les containers, multipliant par 30 la productivité du transport maritime, rendent les coûts de transport négligeables (de 2 à 5 % de la valeur des marchandises entre l'Europe et l'Asie) ; les droits de douane sont passés en moyenne de 40 à 4 % du prix des produits ; l'information et les paiements se transmettent instantanément d'un bout du globe à l'autre. Le commerce international s'est développé deux fois plus vite que l'économie mondiale. Doit-on s'en plaindre? Les prix de nombreux produits et services, des voyages aux téléviseurs, n'ont-ils pas fortement baissé ? Comment expliquer autrement que le pouvoir d'achat du SMIC horaire français ait été multiplié par trois depuis 1968, alors que le coût de nombreux services a augmenté ? Presque toute l'Asie du Sud-Est, c'est-à-dire la moitié des six milliards d'hommes, participe à cet accroissement des échanges, et se développe rapidement : la consommation de 400 millions de Chinois a crû de 16% en 2002. Seuls sont en stagnation, et resteront dans la misère, les 2 milliards d'hommes, dont 60 % de musulmans, qui vivent dans des pays refusant cette libéralisation. Qui envie le sort des habitants du Myanmar (Birmanie), de la Corée du Nord, du Yémen, du Pakistan, du Nigeria ou du Zimbabwe ?
2) II est vrai que la spécialisation internationale des productions, qu'approuvé notre camarade, crée des changements : les Français fabriquent moins de textile, et plus d'Airbus ou de cosmétiques ; ils vendent dans le monde entier des services d'assurances, d'eau, d'hôtels et restaurants, de clubs de vacances, d'intérim, de commerces alimentaires, etc., mais moins d'acier ou de bateaux. Si le chômage s'est accru en France, alors qu'il a diminué aux États-Unis et dans la plupart des autres pays européens, n'est-ce pas dû au fait que notre pays s'est adapté à ces changements avec plus de difficulté que d'autres ?
3) Cette difficulté d'adaptation n'est-elle pas causée par une exception française : un quart des Français actifs, une proportion unique dans les pays non communistes, sont fonctionnaires, employés à vie, et ne comprennent donc pas qu'un changement d'emploi, ou un emploi temporaire, n'est pas forcément synonyme de catastrophe, mais au contraire d'une expérience supplémentaire, d'une chance nouvelle, d'une meilleure qualification? Ces Français du secteur public, dont le puissant lobby bénéficie du soutien de médias subventionnés, sont accrochés à divers privilèges, si bien qu'à l'inverse des autres pays européens notre État pléthorique est incapable de se réformer. L'attraction du secteur public, et le poids de l'État, expliquent que la France soit l'un des derniers pays pour la création d'entreprises, en particulier par des diplômés de l'enseignement supérieur comme les polytechniciens. N'est-il donc pas particulièrement souhaitable de développer l'esprit d'entreprise de ces derniers ? La création d'entreprises à fort potentiel n'est-elle pas la meilleure solution au chômage ?
4) La France est le seul pays dont un dirigeant politique majeur a, longtemps après le rapport Khrouchtchev, jugé "globalement positive" l'expérience communiste, le seul pays où les idées marxistes sont restées dominantes dans les médias, et où les orphelins du " paradis soviétique " se sont reconvertis avec autant de conviction, faute de meilleure cause, dans l'antimondialisation. Quand il n'est pas en prison pour " démontage " d'un Mac Donald's ou saccage d'expérimentations agricoles, José Bové est un de nos produits d'exportation les plus connus. Nos difficultés d'adaptation à la mondialisation ne sont-elles pas dues largement à la propagande antimondialiste, qui s'oppose aux changements et réformes nécessaires pour prospérer dans une compétition devenue mondiale ? Faut-il vraiment aider José Bové?
En conclusion, notre camarade n'est-il pas victime de la pensée dominante française, véhiculée tant par les médias que par la plus grande partie de la classe politique, qui refuse l'adaptation de notre pays à une mondialisation inéluctable, et qui est ainsi le principal responsable du déclin lent, mais pas fatal, de notre pays?
Un
polytechnicien tout à fait normal, et favorable au
progrès.
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Flender
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